Orienter l’exportation vers un avenir digital et durable

Il est temps de changer de route 

Les entreprises technologiques et industrielles de Wallonie ont été confrontées à des défis de taille en raison d’une double crise économique, résultant à la fois de la pandémie sans précédent et de la crise énergétique exacerbée par les tensions russo-ukrainiennes. Ces perturbations ont eu des conséquences significatives sur leur stratégie d’exportation. Les dernières données de l’AWEX mettent en évidence l’impact de ces turbulences sur ce secteur, qui dépend à 90% de son chiffre d’affaires généré par l’exportation.


S’adapter rapidement aux évolutions des marchés 

Les embargos, les restrictions de crédit et l’inflation ont constitué autant d’obstacles pour le commerce international. Néanmoins, cette succession de défis a mis en évidence l’importance cruciale d’une stratégie d’exportation solide, étroitement liée à une vision économique globale. Ces deux éléments doivent s’entremêler étroitement, permettant ainsi aux entreprises de s’adapter aux conditions internationales changeantes et de prospérer dans cet environnement compétitif.

Voici quelques chiffres :

Évolution inférieure à la moyenne

Malgré les défis rencontrés en 2022, la Wallonie a enregistré un montant record d’exportations, atteignant 60 milliards d’euros, dont 44 milliards d’euros au sein de l’Union européenne et 16 milliards d’euros en dehors de l’Union européenne. Plus précisément, ces exportations comprenaient 18,8 milliards d’euros de produits pharmaceutiques, 7,8 milliards d’euros de métaux communs et de produits métalliques, ainsi que 4,7 milliards d’euros de produits issus de l’industrie chimique. 

D’après la Banque nationale de Belgique, ces chiffres correspondent à un taux de croissance de 12,6%, bien que l’évolution ait été différenciée tout au long de l’année. Toutefois, cette progression reste inférieure à la moyenne observée chez les principaux concurrents de la Wallonie, tels que la Flandre, l’Allemagne, les Pays-Bas, la France et la zone UE-19, qui ont enregistré une croissance moyenne de 19,3%. 

L’inflation, aggravée par l’impact de la guerre en Ukraine sur les coûts énergétiques, a eu une influence significative sur cette situation. Les secteurs technologiques ont enregistré une croissance de 9%, bien que celle-ci soit inférieure à la moyenne de 15,7% observée dans la zone UE-19 et chez les quatre voisins. 

Cependant, malgré ces défis, 291 entreprises wallonnes ont réussi à exporter pour la première fois en 2022, ce qui constitue un développement positif.

Croissance continue pour la quasi-totalité des secteurs

En 2022, les exportations wallonnes ont connu une croissance de 16,1% vers l'UE et de 3,9% vers les zones hors UE. Celle-ci a été particulièrement marquée dans les régions suivantes : Proche et Moyen-Orient (50,3%), Extrême-Orient (26,6%), Océanie (22,2%), Afrique subsaharienne (18,2%) et Amérique latine (8,7%). 

Les principaux partenaires européens, notamment la France (+18,4%), l'Allemagne (+13,5%) et les Pays-Bas (+19,6%), représentent 48% du commerce extérieur total de la Wallonie, soit une valeur de 29,1 milliards d'euros. 

Malgré l'inflation généralisée, la majorité des secteurs industriels en Wallonie ont continué à croître en 2022, à l'exception du secteur du matériel de transport (-22,1%), qui a connu une baisse principalement due à la forte diminution des exportations de matériel de transport à usage militaire (-88,9%).

Chute des investissements étrangers

En 2022, la Wallonie a enregistré une baisse significative des investissements étrangers en raison de la conjoncture post-Covid. Les secteurs de la sous-traitance automobile, de l’industrie du verre, de la construction et de l’aérospatiale ont été particulièrement touchés. 

Selon l’Awex, la Wallonie, connue pour son profil industriel et ses projets capitalistiques, n’a conclu que 34 dossiers d’investissement en 2022, contre 72 en 2021. Ces investissements ont injecté un total de 931 millions d’euros dans l’économie wallonne et ont généré 1.634 nouveaux emplois, dont 500 dans le secteur des sciences du vivant. 

Cependant, la Flandre et Bruxelles ont été relativement moins impactées grâce à leurs projets de recherche et développement ou de services. De plus, la Wallonie a souffert de la relocalisation industrielle vers la France, l’Allemagne et l’Italie, en raison des plans de relance européens. 

Il est important de souligner que malgré la diminution des investissements, le nombre d’emplois créés par nouveau dossier d’investissement a augmenté, passant de 14 en 2021 à 48 en 2022, et les montants d’investissement ont enregistré une légère baisse de seulement 6,1% par rapport aux années précédentes. 

Face à ces défis, Agoria recommande d’accroître l’orientation stratégique vers les technologies de pointe. De telles initiatives renforceraient non seulement la position compétitive de la Wallonie sur le marché mondial, mais serviraient également de catalyseurs efficaces pour la création d’emplois. 

L’avenir est prometteur, et avec les stratégies appropriées, la Wallonie peut se positionner comme un acteur clé dans le paysage technologique et industriel international.


Roadmap pour une prospérité durable

#1 Ratifier les accords de libre-échange 

Agoria encourage vivement les décideurs politiques à ratifier rapidement les accords de libre-échange. Ceux-ci ont le potentiel de faciliter les exportations des entreprises wallonnes et d’ouvrir de nouvelles opportunités vers des marchés dynamiques et en croissance. Il est grand temps de reconnaître qu’aucune région du monde n’a conclu ces accords de manière plus démocratique que l’UE.

#2 Diffuser davantage le « diagnostic de maturité » 

Afin de stimuler les activités d’exportation des entreprises, Agoria recommande l’adoption d’une approche client plus approfondie basée sur le « diagnostic de maturité ». Ce processus permet d’offrir à chaque entreprise un accompagnement personnalisé correspondant à son niveau de développement international et à ses perspectives de croissance.

#3 Intégrer les outils de financement et d’exportation 

Agoria souligne l’importance de renforcer les liens entre l’accompagnement et les incitants financiers. En optimisant l’intégration de ces deux aspects, nous pourrions améliorer le soutien aux entreprises wallonnes et stimuler leurs exportations. Cela permettrait de créer un environnement propice à la croissance et à la compétitivité sur le marché mondial.

#4 Délivrer les licences d’exportation dans un délai de 40 jours calendaires 

Agoria demande au gouvernement wallon d’accélérer les investissements dans la numérisation du processus de délivrance des licences d’exportation, afin de permettre aux entreprises de suivre l’avancement de leurs dossiers. Agoria demande également un renforcement des effectifs pour accélérer la délivrance de ces licences. 

En Flandre, un délai interne de 40 jours calendaires est accordé, pouvant être prolongé dans les cas de dossiers complexes et politiquement sensibles. Néanmoins, une limite maximale de 80 jours calendaires est toujours souhaitée. En comparaison, il existe en Wallonie des dossiers où les entreprises attendent depuis plus de deux ans pour l’obtention d’une licence.

Technology for a better world 

Agoria place l’exportation au cœur de la dynamique de croissance pour les entreprises wallonnes. En adoptant une stratégie de spécialisation intelligente et en abordant de front les transitions écologique et numérique, celles-ci peuvent non seulement s’intégrer dans les chaînes de valeur mondiales, mais également devenir des acteurs du changement pour relever les défis futurs.

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