De tout temps, le changement a constitué une constante. Mais cette réalité ne doit pas priver la période difficile que nous traversons de son caractère unique. Le rythme, la simultanéité et le caractère brutal avec lesquels (certains de) ces changements se produisent actuellement rendent la situation extrêmement difficile pour les citoyens, les entreprises et les gouvernements et tout à fait unique pour la génération actuelle d’administrateurs et de chefs d’entreprise. Notre conviction en tant que fédération sectorielle, inspirée par les initiatives et les solutions de nos membres, est que nous devons appréhender cette situation avec l’énergie, l’action et l’ambition nécessaires car c’est la seule façon d’en tirer profit, en tant que pays et même en tant que continent.

Nous le faisons avec enthousiasme et parce que nous croyons au progrès. Nous sommes en effet convaincus que nous pouvons relever ce défi, sans céder à une sorte de défaitisme selon lequel l’avenir ne pourrait – ou ne devrait, comme certains le pensent – être que moins bon. À bien des égards, cette époque critique est la meilleure de l’histoire et l’Europe est l’un des meilleurs endroits pour la vivre.

Cependant, nous ne devons pas penser que cela va aller de soi, comme nous l’ont clairement appris ces dernières années. L’ambition doit être un projet d’avenir partagé, pour notre pays et pour l’Europe, dans lequel un maximum d’individus, d’organisations, d’entreprises et de gouvernements s’engagent, en se projetant suffisamment dans le futur. Car les défis de notre société ne s’arrêtent pas à la fin d’une législature.

Ce qui est clair, c’est qu’un modèle qui s’appuie exclusivement sur une intervention croissante de l’État – étatisation – pour façonner l’avenir, pour orienter ce changement, est tout sauf optimal. Jacques Delors, un des pères fondateurs du marché unique européen, en avait déjà parfaitement conscience. Des dépenses publiques inconsidérées et excessives ne peuvent constituer la solution. Il en va de même pour la surréglementation et le gold plating. Cela ne veut pas dire que les pouvoirs publics n’ont aucun rôle à jouer ; au contraire, c’est avant tout eux qui peuvent créer le cadre approprié et fournir les incitations adéquates pour que nos entreprises puissent prospérer.

Il faut créer les conditions nécessaires à l’esprit d’entreprise, au fonctionnement du marché et à la concurrence, à l’innovation, à la recherche, au développement personnel et aux entrepreneurs qui ont l’ambition de mettre ces conditions à profit. L’Europe est par excellence le continent où cet esprit d’entreprise est façonné par les PME. Sur l’ensemble des entreprises de l’UE, 99 % sont des micro, petites ou moyennes entreprises qui emploient quelque 100 millions de personnes. Il en va de même en Belgique et même au sein d’Agoria, 70 % des membres sont des PME. Il convient donc de les choyer.

Dans ce mémorandum, nous présentons ce qu’Agoria pense qu’il faut faire :comment relever et contribuer à façonner les défis d’aujourd’hui et de demain et quel rôle les pouvoirs publics doivent jouer à cet égard afin d’utiliser au mieux les recettes qu’ils perçoivent et d’exploiter au mieux leurs compétences législatives et exécutives.

Ce futur (proche) peut, selon nous, s’articuler autour de trois évolutions sociétales majeures : la géopolitique et la politique industrielle, la transition verte et la digitalisation. Ces évolutions constituent le fil conducteur de nos recommandations, que nous avons regroupées en 12 chapitres tels que l’éducation et la formation, le marché du travail et l’énergie et le climat. Nous établissons également un lien explicite avec notre stratégie en matière de durabilité «Technology for a Better World» et d’autres projets propres, comme Be The Change. Des projets qui ont également un horizon dépassant la prochaine législature.

Notre capacité, en tant que société, économie, entreprise et individu, à oeuvrer ensemble au changement et à développer des compétences jouera un rôle déterminant pour notre prospérité future. Même Einstein en avait déjà conscience.

Bonne lecture !