Taux d’emploi de 80% : encore un petit effort, svp

Il est temps de changer de route Le secteur des technologies, qui compte 20.000 emplois à pourvoir en Belgique, dont 16% en Wallonie, fait face actuellement à une pénurie notable de travailleurs. Un comble, lorsqu’on sait que ce domaine est l’un des plus dynamiques et innovants, proposant des opportunités passionnantes et bien rémunérées. Parmi les 158 professions demandées, 66 sont considérées comme critiques et 92 métiers souffrent d’un manque de candidats.


Le moins bon élève 

Pour atteindre l’objectif d’un taux d’emploi de 80% d’ici 2030, il est essentiel d’optimiser la situation du marché du travail, en particulier en collaboration avec les entités fédérales et régionales, y compris la Wallonie. Malheureusement, si les politiques actuelles restent inchangées, le taux d’emploi en Wallonie en 2030 serait de 70,5%, soit le plus bas des trois Régions belges.

Déjà quelques initiatives et mesures incitatives

Pour combler ce déficit, la Wallonie a déjà lancé des initiatives pour motiver les chômeurs à se former dans les métiers en pénurie. Parmi ces initiatives, le programme « Incitant + » offre une prime de 350 euros aux demandeurs d’emploi souhaitant accéder à des fonctions critiques. L’allocation métier en pénurie permet aux chômeurs de longue durée de conserver 25% de leur allocation pendant trois mois lorsqu’ils décrochent un emploi en pénurie. 

Parallèlement, Agoria et le FOREM ont organisé les Jobdays, qui favorisent les rencontres entre demandeurs d’emploi et entreprises. L’adaptation rapide aux avancées technologiques et le développement de soft skills, de plus en plus répandues chez les étudiants jobistes, représentent aussi des défis majeurs pour le secteur.


Roadmap pour une prospérité durable

#1 Développer une nouvelle vision de carrière 

Agoria propose une nouvelle vision de carrière pour le secteur technologique en Wallonie, mettant l’accent sur l’alternance, l’upskilling et le reskilling, la valorisation du temps partiel et le développement des compétences futures. 

Premièrement, l’alternance, l’upskilling et le reskilling permettent une carrière flexible, dans laquelle les travailleurs ont la possibilité d’améliorer et de diversifier leurs compétences. Cela leur permettrait d’occuper des rôles variés tout au long de leur carrière. 

Deuxièmement, il est important de valoriser davantage le travail à temps partiel. Objectif ? Rendre le travail nettement plus rémunérateur que le fait de ne pas travailler du tout. Ainsi, même en combinant un emploi à temps partiel avec des revenus de remplacement, le revenu total devrait être substantiellement supérieur au seul revenu de remplacement. 

Troisièmement, Agoria souhaite développer des outils qui favorisent l’acquisition de compétences pour l’avenir. En s’appuyant sur les travaux antérieurs des organismes régionaux, l’objectif est de multiplier par deux ou trois le nombre de demandeurs d’emploi suivant une formation dans les métiers en demande, d’avenir et en pénurie. 

Nous recommandons également la mise en place de parcours modulaires qui combinent des formations de longue durée avec des missions par intérim afin de réduire les abandons en cours de formation.

De plus, Agoria souligne l’importance d’informer les demandeurs d’emploi sur le coût de leur formation pour la communauté, afin de les sensibiliser à l’opportunité qui leur est offerte. Si une personne abandonne sa formation ou ne parvient pas à trouver un emploi, il est suggéré qu’elle participe à une partie de ce coût. 

Enfin, Agoria considère l’identification des compétences futures et la façon de les développer comme des éléments essentiels. Nous encourageons les organismes d’emploi à se concentrer sur les « compétences » plutôt que sur les « métiers » lors de leur analyse des données.

#2 Travailler à l’esprit de travailler 

Pour inciter à l’emploi plutôt qu’à l’inactivité, nous suggérons d’augmenter le salaire net des travailleurs sans alourdir la masse salariale des entreprises. De plus, il est important de réduire, voire de supprimer, l’écart de coût salarial avec nos pays voisins, tels que l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. 

Il convient également de prendre en compte les aides liées au statut de demandeur d’emploi, telles que les tarifs sociaux et les coûts de transport, ainsi que le développement de services sociétaux tels que la garde d’enfants, la prise en charge des malades et la mobilité. 

Nous proposons également une dégressivité des allocations de chômage en fonction de la formation suivie par le demandeur d’emploi. Il faut en effet faire de l’effort de formation ciblée un facteur déterminant dans le système d’octroi et de durée des allocations de chômage.

Ainsi, les personnes qui se retrouvent au chômage (temporairement) peuvent compter sur une allocation de demandeur d’emploi raisonnable. Au fil du temps, des conditions supplémentaires seront attachées à l’allocation par étapes. Ces conditions doivent renforcer la position du bénéficiaire sur le marché du travail. 

Si une personne cesse de chercher du travail ou de se renforcer, l’allocation diminue également. Après 2 ans pour une personne qui ne peut pas présenter 20 ans d’expérience professionnelle, après 3 ans pour une personne qui peut présenter 20 ans d’expérience professionnelle. 

Enfin, il est suggéré d’allouer une plus grande part du PIB à l’activation (formation, réorientation professionnelle) plutôt qu’au maintien de l’inactivité.

#3 Mettre en place une immigration économique 

Agoria souhaite faciliter le processus de recrutement des travailleurs étrangers en le numérisant, afin de simplifier les communications entre l’administration, l’employeur ou son représentant. Il est essentiel que le contrat et les conditions associées respectent nos normes salariales et de qualité de vie. De plus, si le travailleur étranger possède des compétences spécifiques, l’employeur ne devrait pas être tenu de justifier l’absence de candidat qualifié en Belgique. 

Pour combler tous les besoins en talent, il est en effet crucial de chercher des solutions en dehors de la population belge. À cet égard, le système d’immigration économique du Canada pourrait servir de modèle pour attirer des travailleurs qualifiés en Belgique. Salué par l’OCDE, ce système ne s’intéresse pas seulement aux besoins actuels, mais cherche également à anticiper les compétences futures nécessaires.

#4 Renforcer la plateforme Working in Belgium 

Nous devons continuer à développer la plateforme commune Working in Belgium pour le traitement des demandes de séjour. Il faut donc prévoir dès le début de la législature un budget pour le déploiement et le renforcement de cette plateforme.

Technology for a better world 

L’ambition d’Agoria ? Proposer à tous et toutes un emploi stimulant dans un environnement de travail équilibré, favorisant l’épanouissement personnel et offrant une carrière stable. En valorisant l’inclusion, nous contribuons à la création d’une société plus juste, tout en renforçant la compétitivité de nos entreprises. Notre priorité ? La sécurité, la santé et le bien-être de nos travailleurs !

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