Il est temps de changer de route
Face aux défis climatiques, la politique environnementale en Wallonie connaît une intensification progressive des régulations, notamment pour les entreprises du secteur technologique. Notre secteur technologique, a déjà réussi à atténuer son impact environnemental, un exploit que nous attribuons à l’adhésion à des normes de plus en plus strictes, dépassant souvent les meilleures techniques disponibles et les règlementations européennes.
Malgré ces énormes progrès, les autorités ont encore trop souvent tendance à privilégier le contrôle des entreprises, y compris celles déjà largement certifiées, au lieu de les accompagner. Cela entraîne un surplus de déclarations et de formalités. Paradoxalement, le manque de ressources des organismes de contrôle externes compromet souvent le respect des délais imposés.
Un excès de règlementations
Les autorités, souvent animées par une « crainte » législative, ont une propension à favoriser la surrèglementation. Par exemple, elles exigent des analyses de potentiels contaminants dans les eaux usées, adoptent une approche réactive à la crise des PFAS, maintiennent le statu quo concernant la question de l’azote, et multiplient les recours judiciaires liés aux permis délivrés.
Au niveau européen, l’objectif de zéro pollution représente un défi majeur. Dépasser les réductions actuelles d’impact sera complexe et nécessitera l’utilisation de technologies innovantes pour rester économiquement viable. Cette situation complique le paysage non seulement pour les entreprises, mais aussi pour les régulateurs.
Maintenir des conditions de concurrence équitables
Cette situation nuit à la compétitivité de l’industrie technologique, décourage les investissements potentiels et crée des inégalités pour les entreprises. Ces dernières sont confrontées à une multitude de questions concernant la fiabilité des permis et les délais d’obtention, ainsi qu’à une charge d’obligations supplémentaires et de lourdeurs administratives, sans pour autant garantir un impact positif sur l’environnement.
Il est clair qu’un changement de cap est plus que nécessaire pour soutenir, plutôt que d’inhiber, les entreprises du secteur technologique qui s’efforcent de rendre leurs processus plus durables.
Roadmap pour une prospérité durable
#1 Développer une vision de la politique environnementale de l’industrie à l’horizon 2050
Tout d’abord, il est essentiel d’établir une cartographie complète du territoire afin de recenser toutes les contraintes nécessaires pour une intégration optimale de l’industrie. Cette cartographie devrait inclure des éléments tels que la biodiversité, les ressources en eau et en énergie, la mobilité, les centralités et l’objectif de zéro artificialisation nette d’ici 2050.
Pour y parvenir, Agoria recommande de solliciter la participation de tous les acteurs concernés afin d’assurer une représentation complète et précise des défis auxquels l’industrie est confrontée. Il est important de déterminer les zones actuelles et futures nécessaires pour la réindustrialisation de la Wallonie, en tenant compte des contraintes identifiées dans la cartographie.
Nous préconisons également d’adapter les seuils de dépollution nécessaires pour les zones réservées à l’industrie et de les pérenniser, tout en évitant la recherche de nouveaux polluants à l’avenir.
#2 Revenir à l’essence-même de la politique environnementale
Agoria recommande de mettre l’accent sur la réduction de l’impact environnemental et de définir des objectifs clairs avant de mettre en place de nouvelles régulations en Wallonie. Avant l’adoption de toute nouvelle réglementation, nous suggérons une évaluation préalable de la charge imposée, en tenant compte du bénéfice potentiel qui en découlerait.
Cette évaluation devra également prendre en compte la compétitivité des entreprises wallonnes par rapport aux autres régions et pays. Agoria appelle à une réduction de la pollution environnementale, sans recourir à une pléthore de règles spécifiques.
Un dialogue ouvert et continu avec l’industrie est essentiel, et il est important de ne plus stigmatiser les entreprises comme étant la seule source de pollution. Agoria demande davantage de clarté dans les communications et appelle à ce que les réponses soient fournies dans un délai raisonnable, idéalement d’un mois.
Il est important de se concentrer sur les enjeux principaux et de ne pas perdre de temps sur des détails insignifiants qui n’ajoutent pas de valeur. La simplification des processus est préconisée partout où c’est possible, en éliminant ce qui est superflu et en se concentrant uniquement sur l’essentiel nécessaire pour contrôler l’impact environnemental.
Agoria insiste également sur la nécessité de renforcer les connaissances au sein du gouvernement, en particulier au niveau local, où il est souvent appelé à prendre des décisions sur des questions environnementales complexes mais manque de ressources et de connaissances pour le faire.
Pour améliorer l’efficacité, nous conseillons de centraliser toutes les données requises dans un guichet ou portail unique, de n’exiger les informations nécessaires qu’une seule fois et d’ignorer les informations supplémentaires non pertinentes pour l’entreprise concernée.
Enfin, Agoria soutient l’utilisation d’une analyse des risques plus précise pour organiser les contrôles, car cette approche permettrait de mieux cibler les actions à mettre en œuvre pour une gestion environnementale efficace.
#3 Renforcer l’économie circulaire en Wallonie
Agoria recommande une expansion significative de Circular Wallonia afin de stimuler des projets axés sur l’extension de la durée de vie des produits dans l’industrie manufacturière.
Cela devrait inclure la mise en place de stratégies de réutilisation, de réparation, de reconditionnement, de remanufacturing, ainsi que l’introduction de nouveaux modèles commerciaux, tels que le « as a service ». Ces actions pourraient générer une valeur ajoutée, créer des emplois et améliorer l’économie wallonne.
Technology for a better world
Chez Agoria, nous aspirons à un avenir prometteur où l’industrie technologique, loin d’être perçue comme une entité polluante, est reconnue comme un acteur majeur dans la lutte mondiale contre le changement climatique. Nous rêvons d’une politique environnementale en Wallonie simplifiée et ciblée, axée sur des objectifs clairs et allant à l’essentiel. Par-dessus tout, nous sommes convaincus que l’économie circulaire ouvre la voie vers un avenir durable et prospère.