Il est temps de changer de route
D’ici 2030, 80 % des Belges devraient être en âge de travailler. Concrètement, cela signifie que 570 000 personnes supplémentaires arriveront sur le marché du travail. Dans un marché du travail tendu, d’autres groupes cibles entrent dès lors en ligne de compte. En outre, la technologie offre de nombreuses possibilités d’accroître la faisabilité et la productivité des emplois.
La liste des métiers en pénurie s’allonge
La liste des métiers en pénurie s’est encore allongée en 2023. Elle compte 234 professions, soit 27 de plus que l’année dernière. Pour pourvoir ces postes vacants, nous avons besoin d’un nombre suffisant de talents possédant les compétences adéquates pour occuper un emploi de façon durable.
Encore trop de sous-emploi
D’une part, il y a le groupe des demandeurs d’emploi et des inactifs au sein de la population en âge de travailler ; d’autre part, 3,5 % des personnes ayant un emploi considèrent que le nombre d’heures qu’elles effectuent est inférieur à leurs heures de travail habituelles ou souhaitées (2022). Par exemple, certains travailleurs à temps partiel préféreraient travailler plus d’heures et certains travailleurs à temps plein travaillent temporairement moins d’heures (en cas de chômage économique ou force majeure par exemple).
Par rapport à 2019, c’est chez les personnes peu qualifiées et celles nées en dehors de l’UE-27 (+2,5 %) que le sous-emploi a le plus augmenté. Les hommes, les personnes hautement qualifiées et celles qui ne souffrent pas d’un handicap, d’une affection ou d’une maladie occupent le plus souvent un emploi dans lequel elles prestent le nombre d’heures de travail souhaité.
Enfin, seule une personne de 60 à 64 ans sur trois est encore active professionnellement. À partir du cap des 60 ans, réduire progressivement son temps de travail relève presque de la logique.
Rendre les emplois faisables : encore du pain sur la planche
Les chiffres les plus récents montrent que seule la moitié des salariés trouvent leur travail faisable. Pour l’autre moitié, le stress, le manque de motivation, l’insuffisance des possibilités d’apprentissage ou un mauvais équilibre entre vie professionnelle et vie privée compromettent cette faisabilité. Avec tous les risques que cela comporte... En matière d’emploi durable aussi, il reste beaucoup de progrès à faire.
Feuille de route pour une prosperite durable
#1 Activer par la différenciation
Lier les allocations de chômage à la formation
Faire de l’effort de formation ciblé un facteur déterminant dans le système d’octroi et de durée des allocations de chômage, en fonction de la formation suivie par le demandeur d’emploi. Ainsi, les personnes qui se retrouvent au chômage (temporairement) peuvent compter sur une allocation de demandeur d’emploi raisonnable. Au fil du temps, des conditions supplémentaires sont liées par étapes à l’allocation. Ces conditions doivent renforcer la position du bénéficiaire sur le marché du travail. Si une personne cesse de chercher du travail ou de renforcer ses compétences, l’allocation diminue également. Après 2 ans pour une personne qui ne peut pas justifier de 20 ans d’expérience professionnelle, après 3 ans pour une personne qui peut justifier de 20 ans d’expérience professionnelle.
Étendre la réduction de l’ONSS à d’autres groupes cibles
Agoria souhaite une extension de la réduction groupe-cible ONSS pour l’emploi de chômeurs de longue durée et de personnes très éloignées du marché du travail. L’ambition : réduire de moitié le nombre de jeunes de 15 à 24 ans sans emploi ni études, pour atteindre 3,5 % d’ici 2030.
Évaluer l’expérience « leerjobs »
Agoria demande que l’expérience en cours en matière de « leerjobs » (emplois-formation en Flandre) – dans lesquels la formation est entièrement dispensée dans les locaux de l’employeur – soit évaluée et que les limites d’âge soient adaptées.
#2 Maintenir les collaborateurs actifs grâce à l’apprentissage sur le lieu de travail
Reconnaître la formation spécifique à l’entreprise dans les incitants à l’apprentissage tout au long de la vie afin que les entreprises deviennent aussi des écoles. Agoria demande que l’évaluation de la formation professionnelle individuelle (FPI) soit considérée comme un point de départ et que les autres formes d’apprentissage sur le lieu de travail au sein du VDAB soient limitées en nombre. En outre, Agoria souhaite l’extension et la poursuite du droit à l’initiative conjointe pour le congé de formation flamand. L’ambition est d’enregistrer chaque année 10 % de nouveaux utilisateurs/entreprises.
#3 Déployer la technologie pour des emplois faisables
La technologie peut apporter une aide pour les tâches physiquement exigeantes (par exemple, soulever des objets) ou mentalement exigeantes (par exemple, les actions répétitives). C’est pourquoi Agoria préconise de transférer les ressources du travail d’étude à la mise en oeuvre efficace des technologies d’assistance. Outre l’amélioration de la faisabilité du travail, la technologie peut également accroître la productivité.
#4 Encourager la migration économique et la mobilité interrégionale
L’afflux supplémentaire de talents devra provenir de la migration économique et de la mobilité interrégionale. Plus précisément, Agoria souhaite donc une expansion de la migration économique basée sur le niveau de formation avec une procédure d’accueil raccourcie pour les professions en pénurie. La poursuite de la collaboration axée sur les résultats entre Actiris, le Forem et le VDAB est également cruciale pour pourvoir les postes en pénurie. Enfin, la liste des métiers en pénurie pour la migration économique est désormais trop limitée et n’est mise à jour que tous les deux ans. Nous demandons que cette liste soit élargie sur la base des besoins réels en main-d’oeuvre et qu’elle soit mise à jour tous les six mois.
#5 Renforcer la plateforme Working in Belgium
Nous devons continuer à développer la plateforme commune Working in Belgium pour le traitement des demandes de séjour. Il faut donc libérer un budget dès le début de la législature pour déployer et renforcer cette plateforme..
Technology for a better world
Depuis plus de cinq ans, Agoria est un fervent défenseur d’une analyse approfondie du futur marché du travail à travers le projet Be The Change lancé en 2018. Dans notre stratégie de durabilité également, l’ambition initiale s’articule, entre autres, autour de l’emploi durable et de l’engagement de créer 40 000 emplois supplémentaires entre 2020 et 2030, soit 16 emplois/jour ouvrable. Les recommandations citées ci-dessus devraient créer le cadre qui soutient cet engagement.