Cap sur la décennie numérique

Sur dix ans (2012-2022), l’emploi dans le secteur des TIC a augmenté de près d’un tiers. En outre, plus de 60 % des experts numériques travaillent dans d’autres secteurs, tels que la finance, les services publics ou l’industrie. En d’autres termes : la numérisation est omniprésente.

Pour mesurer les progrès de l’économie et de la société numériques des États membres, l’UE a mis au point l’indice de l’économie et de la société numériques (DESI). Malgré quelques progrès, la Belgique perd constamment du terrain dans cet indice. Plus précisément, notre pays est passé de la 5e place en 2005 à la 16e en 2022. Alors que l’Espagne, par exemple, est montée de la 17e place en 2015 à la 7e en 2022, grâce à une politique numérique forte et ambitieuse (par exemple España Digital 2026).

Des initiatives telles que « Vlaanderen Radicaal Digitaal II » sont positives, mais insuffisantes. Si notre pays aspire à revenir dans le top 5 d’ici 2030, les ambitions flamandes doivent également être revues à la hausse et une coopération plus étroite avec les autres États membres est également une nécessité absolue.

#1 Compétences numériques 

Au 13e rang, notre pays se situe juste au-dessus de la moyenne européenne (DESI). Cependant, nous restons à la traîne en ce qui concerne la proportion de diplômés en TIC - 2,2 % contre une moyenne européenne de 3,9 %. Malgré les actions du gouvernement (par exemple Digisprong) et les initiatives des acteurs privés, il y a un manque de compétences numériques de base et d’experts - en particulier dans les domaines de la cybersécurité et de l’IA/des données. La Flandre doit de toute urgence passer à la vitesse supérieure pour relever ce double défi. 

Il est également important d’ encourager et de cartographier les formations « non régulières » et de stimuler également les entreprises à faire appel à ce type de formation. En plus, il faut tenir compte de l’impact des formations « non régulières » (axées sur la demande) pour l’indice DESI. 

#2 Infrastructure numérique sécurisée 

Pour une économie et une société numériques saines, des réseaux de télécommunications fixes et mobiles puissants et sécurisés sont indispensables. Cependant, le nombre de cyberattaques en Belgique a augmenté de 37 % entre 2019 et 2021. Il est donc grand temps de s’attaquer au manque de maturité en matière de cybersécurité dans les secteurs public et privé, ainsi qu’à la pénurie d’experts en cybersécurité (environ 4 000 postes vacants en Belgique, tous secteurs confondus). 

#3 Accélération numérique des entreprises 

Nouvelles technologies, données et innovation 

Les nouvelles technologies (IA, Web 3.0, 5G, blockchain, XR/VR, cybersécurité, etc.) et l’économie des données gagnent en importance, offrant des solutions à une série de défis sociétaux et économiques. En outre, le principal défi pour la Flandre aujourd’hui n’est pas tant de créer de nouvelles start-ups que de faire prospérer les start-ups et scale-ups innovantes existantes.

Accélération numérique au sein des PME 

65 % des PME belges ont au moins un niveau de numérisation de base, alors que la moyenne européenne est de 55 %. Mais nous ne devons pas rester les bras croisés, l’activation des chefs d’entreprise reste une priorité. 

Digital4Sustainability 

La technologie numérique est l’une des clés d’une société plus durable (voir par exemple l’étude Digital4Climate d’Agoria et Accenture). Mais il reste encore une large marge d’amélioration : seulement 56 % des entreprises belges ont une intensité moyenne à élevée d’actions vertes basées sur les TIC - par rapport à une moyenne européenne de 66 % (DESI). 

#4 Digitalisation des services publics 

Malgré quelques progrès, la Belgique reste en dessous de la moyenne européenne (DESI), se classant à la 16e place. Cependant, la Flandre a pris de sérieuses mesures avec « Vlaanderen Radicaal Digitaal II », ce qui lui a permis de se hisser à la 10e place du classement régional DESI. Les pouvoirs publics flamands doivent cependant continuer à investir, entre autres, dans la numérisation de l’administration et l’e-santé, en tandem avec le monde des entreprises.

Agoria plaide en faveur d'une stratégie numérique forte et horizontale, coordonnée entre les différents niveaux de gouvernement, à l'image de l'España Digital 2026, et dirigée par un numéro 1 ou 2 (Vice-ministre-président) du gouvernement.

#1 Élargir l’offre de formation pour les experts numériques et les compétences de base 

• Consolider l’écosystème des fournisseurs de formation publics (par exemple, les universités, les centres de formation) et commerciaux afin d’accroître l’offre de formation et sa qualité dans le domaine du numérique. Citons notamment l’IA, les données, la cybersécurité et l’informatique quantique. L’European Cyber Skills Academy et le Campus Cyber français sont des sources d’inspiration possibles.
• Encourager également les formations « non régulières » notamment en les répertoriant (mapping). Prendre également en compte l’impact des formations « non régulières » (axée sur la demande) pour l’indice DESI. 
• Intégrer les compétences numériques à tous les niveaux et dans toutes les directions de la formation, en mettant l’accent sur l’IA, la cybersécurité et l’éthique numérique, entre autres.

(Voir aussi les chapitres education et formation et Marché du travail)

#2 Sécuriser l’infrastructure numérique 

• Engager une campagne d’activation ambitieuse et coordonnée aux niveaux régional et national, ciblant les responsables des secteurs public et privé, afin qu’ils adoptent un plan de cybersécurité/résilience. 
• Soutenir conformément à l'European Chips Act une « Chips Valley » : un écosystème d’acteurs publics (par exemple l’imec) et privés dans le créneau des semi-conducteurs. Encourager également une coopération plus générale entre l’imec et les entreprises flamandes. 
• Télécommunications : voir le chapitre Télécommunications 

#3 Faciliter l’accélération numérique pour les entreprises 

Nouvelles technologies, données et innovation 

• Réunir des fournisseurs numériques et des PME pour des projets autour de technologies innovantes (par exemple, IA, Metaverse/Web 3.0, 5G, blockchain) ou de l’innovation sociale (voir le modèle Start AI). 
• Élargir le fonctionnement d’Athumi afin de faciliter les projets b2b, en plus des projets b2g2c actuels. Travailler sur un modèle d’entreprise durable à long terme afin que les investisseurs privés se joignent également au projet et rechercher des collaborations européennes pour que la technologie solide soit largement adoptée. 
• Augmenter l’impact du programme « Scaleup Flanders » par des mesures concrètes, y compris un financement gouvernemental accru pour les start-ups et les scale-ups (par ex. PMV), une stratégie gouvernementale « Buy from startups » ou une plus grande visibilité internationale (cf. la stratégie « French Tech »). 
• Évaluer et optimiser l’Industriepartnerschap pour le numérique. 

Réorganiser et renforcer les programmes de numérisation des PME 

Outre la sensibilisation et la formation, un programme ambitieux devrait mobiliser les chefs d’entreprise autour des stratégies numériques et de la gestion du changement (voir le « SME Digitalisation Plan » en Espagne).

Digital4Sustainability 

• Investir dans des solutions numériques pour réduire l’empreinte carbone dans les secteurs de la mobilité, de l’énergie et de la construction (investissement public) – voir le chapitre Energie & climat. 
• Mettre en place un programme de durabilité pour soutenir les PME dans leurs processus de transformation (« Klimaatsprong voor de Vlaamse Industrie »), y compris avec les technologies numériques. 

#4 Promouvoir la numérisation des services publics 

• S’engager à développer pleinement la numérisation de tous les processus clés pour les citoyens et les entreprises (User Journeys, déménager vers un autre logement par exemple), de manière transversale entre les autorités fédérales et les régions et en collaboration avec l’industrie numérique. 
• Protéger le rôle des secteurs privé et public, en évitant la concurrence abusive et déloyale des services informatiques des pouvoirs publics vis-à-vis du secteur privé. Promouvoir, renforcer et mettre en oeuvre les solutions privées existantes qui ont fait leurs preuves et encourager la coopération entre les secteurs public et privé. 
• Soutenir l’innovation numérique et l’utilisation des données dans le secteur de la santé. Élaborer une vision et un financement structurel pour l’innovation dans le secteur de la santé et un programme cohérent et efficace pour mieux utiliser et partager les données de santé.