Vers des compétences (numériques) pour tous

Il est temps de changer de route 

Le marché du travail européen a tremblé sur ses bases ces dernières années. De la pandémie de coronavirus au conflit ukrainien en passant par l’inflation galopante, les épreuves de vérité se sont succédé à un rythme effréné. Il en est ressorti que notre marché du travail est remarquablement résilient.En effet, jamais autant de personnes n’ont été employées en Europe : pas moins de 74,6 % de la population âgée de 20 à 64 ans. Cela nous rapproche déjà de l’objectif européen pour 2030 qui est de 78 %.


Un mix de défis

La conclusion logique semble être « Nous sommes en bonne voie ». Il ne semble pas nécessaire dans l’immédiat de recourir à de nombreuses stratégies de reskilling, upskilling et autres stratégies de formation. Mais qu’en est-il réellement ? Ceux qui regardent au-delà des chiffres macroéconomiques voient des défis difficiles à relever sur la voie actuelle :

 

Défi 1 : Tous les groupes ne sont pas massivement occupés 

Il s’agit notamment de personnes peu instruites, de migrants, de femmes et de professionnels en début ou en fin de carrière.

L’écart entre les sexes est encore plus frappant dans les secteurs technologiques. Par exemple, seul un informaticien sur six est une femme. La situation ne semble guère s’améliorer, puisque deux diplômés en STEM sur trois sont des hommes.

 

Défi 2 : Les entreprises ne trouvent pas les profils adéquats 

Trois entreprises sur quatre affirment avoir du mal à trouver des travailleurs possédant les compétences requises. Cette situation a un impact négatif sur la croissance économique. En chiffres, 28 % des entreprises manufacturières et 31 % des entreprises de services et de construction sont directement pénalisées en termes de productivité.

Défi 3 : Les compétences numériques sont réservées à quelques privilégiés 

Selon l’indice de l’économie et de la société numériques (DESI, 2022), seuls 54 % de la population européenne possèdent des compétences numériques de base. Si l’on considère l’ensemble de la population, 40 % ont besoin d’une formation pour acquérir des compétences numériques.

Une fois encore, la conclusion est que nous avons encore un long chemin à parcourir si nous voulons atteindre les objectifs de la boussole numérique européenne pour 2030 , à savoir: 

  • 80 % des adultes possèdent des compétences numériques de base 
  • 20 millions de personnes travaillent comme spécialistes des technologies de l’information 
  • Il y a davantage de femmes employées dans les secteurs technologiques

 

Défi 4 : La double transition exige un recours massif à l’upskilling et au reskilling 

Transition verte : des stratégies telles que l’EU Green Deal Industrial Plan et le Net Zero Industry Act créeront des emplois dans de nombreux secteurs d’activité. Toutefois, une pénurie de main-d’oeuvre appropriée pourrait considérablement entraver cette croissance de l’emploi.

Transition numérique : d’une part, la numérisation résout une partie de la pénurie de maind’oeuvre ; d’autre part, l’adoption de nouvelles technologies numériques entraîne une demande accrue pour certains profils.

L’Europe, acteur de sensibilisation et de motivation et tremplin financier

Le développement des talents par le biais d’un enseignement à l’épreuve du temps, l’intégration de l’apprentissage tout au long de la vie et un lien étroit entre la formation et le marché du travail sont essentiels pour la compétitivité de notre économie de la connaissance. C’est pourquoi Agoria soutient les diverses initiatives européennes visant à mettre l’accent sur le développement des talents, notamment l'EU Green Deal Industrial Plan, l'Année européenne des compétences 2023 et le Pact for Skills. Mais il y a encore des progrès à faire. 

Qu’attendons-nous des institutions européennes ? Qu’elles sensibilisent davantage, qu’elles donnent plus d’impulsion à l’action et qu’elles mettent davantage de soutien financier à la disposition des acteurs technologiques, en particulier des PME.


Roadmap pour une prospérité durable

#1 Planification stratégique de la main-d’oeuvre 

Agoria demande davantage d’informations concernant l’évolution de l’offre et de la demande sur le marché du travail, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Ces informations concernent les pertes d’emploi, la création d’emploi et le contenu des emplois et constituent la base d’une politique proactive en matière de marché et de formation.

 

#2 Des pôles de talents accessibles pour la technologie 

Agoria préconise la création de pôles de connaissances européens autour de domaines d’expertise spécifiques et de technologies émergentes. Ces pôles doivent à leur tour être reliés à des clusters régionaux afin d’optimiser le flux de connaissances. Les partenaires publics et privés doivent travailler en étroite collaboration pour mettre en place ce réseau. 

 

#3 Les compétences comme partie intégrante des programmes d’innovation 

Agoria note que les programmes d’innovation européens visent principalement à accélérer la double transition. Mais dans nombre de ces programmes d’innovation, les compétences sont décrites comme une composante distincte ou comme des politiques d’accompagnement. Or, la mise en oeuvre de technologies innovantes ne sera couronnée de succès que s’il y a suffisamment de talents pour mettre en oeuvre ces innovations. 

 

#4 Intégration des technologies de formation dans les appels d’offres de l’UE pour les programmes de formation 

Agoria considère qu’il y a encore beaucoup de potentiel pour personnaliser et optimiser les processus d’apprentissage grâce à l’utilisation de la technologie. Les programmes tels que l’European Digital Education Accelerator devraient donc intégrer les nouvelles technologies de formation.

Technology for a better world 

Agoria s’engage en faveur de l’emploi durable dans le cadre de sa stratégie de développement durable. Cela signifie qu’il faut créer les conditions propices à des carrières longues, saines et heureuses. Pour ce faire, il est essentiel que les gens sachent quelles sont les aptitudes et les compétences dont ils ont besoin. Non seulement dans leur emploi actuel, mais aussi dans celui de demain. En outre, ils devraient être en mesure de développer ces aptitudes et compétences dans des organisations de formation. Nos nouvelles voies pour l’enseignement et la formation s’inscrivent dans ce cadre.

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