Renforcer le leadership numérique

Il est temps de changer de route 

L’Europe a proclamé 2021-2030 Décennie numérique et met actuellement en oeuvre le plan d’action qui l’accompagne. Les objectifs sont ambitieux. Par exemple, d’ici 2030, 75 % des entreprises devraient utiliser l’IA et le big data, 80 % de la population devrait avoir des compétences numériques, tout le monde devrait avoir accès à l’internet gigabit et tous les services publics devraient être en ligne, entre autres. Mais la feuille de route actuelle suffirat- elle à contenir le feu numérique de la Chine et des États-Unis ? On peut en douter.


3 obstacles

#1 Fragmentation digitale et compétitivité limitée 

Un grand nombre de nos entreprises les plus innovantes – principalement des PME – trouvent qu’il est trop complexe de faire des affaires en Europe. En outre, elles se plaignent de la fragmentation de l’écosystème numérique. Prenons l’exemple de l’incertitude qui entoure le traitement des données et qui résulte des différentes interprétations nationales du RGPD. La mosaïque de règles de conformité complexes et divergentes entre les pays de l’UE décourage les entreprises. Avec l’adoption de nouvelles réglementations numériques (AI Act, Data Act, etc.), l’Europe doit accorder une attention particulière à ces facteurs de blocage. Ce chiffre est éloquent : à peine 9 % des PME ont fait des affaires au-delà des frontières nationales en 2021.

#2 Manque d’investissements et de capacités dans les domaines stratégiques 

La première pierre d’achoppement est l’offre limitée d’experts numériques en Europe. Par exemple, seuls 3,9 % des diplômés en 2021 étaient issus du secteur des technologies de l’information. Si l’on fait un zoom arrière, on s’aperçoit que seulement 54 % de la population européenne possède des compétences numériques de base (DESI 2022). La lenteur du développement de l’administration en ligne, l’augmentation du nombre de cyberattaques (sophistiquées), le potentiel sous-exploité des solutions numériques pour lutter contre les émissions de CO2 et la réticence générale à investir pleinement dans les technologies émergentes sont autant d’autres problèmes qui se posent.

 

#3 Relations internationales et souveraineté sous pression 

Le protectionnisme fait de plus en plus parler de lui, tandis que le système commercial multilatéral s’affaiblit. Cette situation a des répercussions négatives sur la transition numérique, car les technologies de l’information sont un secteur d’activité mondial. En d’autres termes, nous devons revenir à une économie mondiale stable, prévisible et ouverte.

Adapter le cap

La transition numérique est essentielle pour le développement économique, l’autonomie stratégique et l’ouverture de l’Europe. Nous nous tournons également de plus en plus vers les technologies numériques pour résoudre divers problèmes sociétaux, climatiques et environnementaux : de l’administration en ligne à la mobilité intelligente en passant par l’efficacité énergétique. 

Comment accélérer la transition numérique ? Où se trouvent les plus grandes opportunités pour l’Europe sur la scène numérique mondiale ? Et comment les saisir ? Autant de questions pertinentes qui contribuent à déterminer le sort de nos entreprises - et donc notre prospérité.


Roadmap pour une prospérité durable

#1 Éliminer la fragmentation et accroître la compétitivité 

  • Faire des données la 5e liberté européenne en supprimant les frontières et les barrières existantes. Ce n’est qu’à cette condition que notre marché unique continuera à fonctionner correctement. Les interprétations nationales divergentes des réglementations européennes doivent disparaître. La poursuite du développement des espaces de données dans les domaines économiques stratégiques est cruciale pour l’Europe. Pensons à l’énergie, à la santé et à l’industrie manufacturière. 
  • Permettre aux entreprises d’expérimenter dans des environnements d’essais réglementaires. Un bac à sable réglementaire est utile aux entreprises pour tester des technologies, des produits, des services et des méthodes de travail innovants, sans craindre d’éventuelles conséquences réglementaires (voir, par exemple, ce qui est prévu dans l’AI Act et le Data ACT). 
  • Créer un cadre réglementaire qui préserve le marché unique. De cette manière, il y aurait une approche intégrée pour mettre en oeuvre sans problème des instruments tels que l’AI Act et le Data ACT (voir le chapitre Commerce international). 

 

#2 Stimuler les investissements et les capacités dans le domaine du digitale 

  • Allouer 20 % aux solutions numériques dans tous les programmes de financement de l’UE afin que l’Europe puisse bénéficier des technologies émergentes dans tous les secteurs. Un bel exemple : la part importante du numérique dans le budget Facilité pour la reprise et la résilience
  • Créer une cybergouvernance unifiée, avec un partage fiable de l’information entre les parties publiques et privées. Ainsi, nous ne continuerons pas à lutter contre les cyberattaques en vase clos. 
  • Déployer des stratégies de transformation numérique ciblées pour la transition verte, en commençant par les secteurs où l’empreinte CO2 est la plus élevée : l’énergie, la mobilité, la construction et l’industrie manufacturière. L’étude Digital4Climate d’Agoria a déjà montré l’énorme potentiel dans ce domaine.
  • Viser des services publics, des cartes d’identité et des passeports de compétences 100 % numériques. Ces éléments doivent être étroitement liés, au-delà des frontières (interopérabilité). Pour ce faire, l’Europe doit d’abord supprimer les obstacles en collaboration avec les États membres. 
  • Combler le fossé des compétences numériques et faciliter la migration économique pour les profils numériques. Par exemple, Agoria propose un réseau européen de cybercampus privés-publics pour faire de la Cybersecurity Skills Academy un véritable succès (voir le chapitre Education & formation). 

 

#3 Soutenir les relations internationales et l’économie ouverte (voir le chapitre Commerce international

  • Harmoniser la normalisation internationale et européenne. 
  • Resserrer les liens transatlantiques pour être à la pointe des cleantech, des data et de l’IA. 
  • Mettre fin aux revendications de souveraineté non autorisées et construire un réseau d’accords commerciaux autour de la numérisation.

Technology for a better world 

La transition numérique touche plusieurs des 12 domaines d'impact de la stratégie de durabilité d’Agoria : les technologies pour l’emploi durable, une économie de données rationalisée, l’action climatique, la numérisation et l’éthique, la transparence et la cybersécurité. Une numérisation réfléchie peut contribuer à une plus grande durabilité, à la transparence et à la tranquillité d’esprit. Elle n’est pas une fin en soi, mais un moyen idéal pour créer un impact positif.

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