Ne dites pas « NEET », mais « UP »

Il est temps de changer de route 

Bruxelles regorge de talents. La région dispose du plus grand vivier de talents du pays. En outre, le Bruxellois moyen a 37 ans, soit quatre ans de moins que le Belge moyen. De plus, Bruxelles est la seule région où la population en âge de travailler continuera de croître dans les années à venir. La ville a donc de solides atouts. 

Cependant, le chômage bruxellois reste (trop) élevé, en particulier celui des jeunes. Actiris, par exemple, a dénombré 8 595 demandeurs d’emploi de moins de 25 ans en juin 2023, soit plus de 10 % de plus qu’un an plus tôt. Si nous voulons être un précurseur européen, nous devons faire mieux.


L’étiquette négative « NEET » continue de coller à la peau des jeunes à Bruxelles

Le taux d’emploi à Bruxelles s’élève aujourd’hui à 65,7 %. Sur la base des prévisions économiques et de l’évolution démographique connue, si la politique reste inchangée,  ce n'est qu'en 2040 que nous atteindrons 80 %, le taux d’emploi que nous avons fixé pour notre pays. 

Pour trouver une solution, Bruxelles doit surtout se tourner vers les jeunes. Environ 20 % des Bruxellois âgés de 18 à 24 ans répondent à la définition « NEET » (Not in Employment, Education or Training). Nombre d’entre eux recherchent activement un emploi, mais il existe également un groupe important de jeunes inactifs qui ne cherchent pas de travail. Ils ont souvent le sentiment de n’avoir aucune chance sur un marché du travail exigeant et rigide. Pendant ce temps, les entreprises bruxelloises cherchent des talents ailleurs. 

Il est temps de transformer cet important groupe de NEET – terme qui met principalement l’accent sur ce qu’ils ne peuvent PAS faire – en un groupe de UP (Unknown Potentials) attrayant – terme par lequel nous voulons pousser les jeunes vers le HAUT. 

Attractivité de la périphérie flamande

Un autre défi réside dans le fait que les Bruxellois eux-mêmes se tournent vers l’extérieur de notre capitale pour trouver un emploi intéressant. À titre d’exemple, quelque 55.000 professionnels bruxellois travaillent dans la périphérie flamande, soit une augmentation de 10 % en 10 ans. Pendant ce temps, la capitale est à la traîne avec plus de 25.000 postes vacants (source : Statbel, juin 2023). 

En d’autres termes, il doit devenir plus attractif de travailler à Bruxelles même. Surtout quand on sait que la population bruxelloise comptera 21.000 personnes en âge de travailler en plus d’ici 2030. Il sera crucial pour l’économie et la prospérité de Bruxelles d’inciter ce groupe à travailler au niveau local.


Feuille de route pour une prospérité durable

#1 Rendre le travail plus gratifiant 

Les personnes qui travaillent à temps partiel et qui combinent ce travail avec un revenu de remplacement devraient gagner plus que les personnes qui dépendent uniquement d’un revenu de remplacement. Dans le cas d'une personne qui commence à travailler à temps partiel, le revenu de remplacement devrait être réduit au prorata plutôt qu'immédiatement supprimé.

 

#2 Lier des conditions aux allocations de chômage 

Faisons de l’effort de formation ciblé un facteur déterminant dans le système d’octroi et de durée des allocations de chômage, en fonction de la formation suivie par le demandeur d’emploi. Ainsi, les personnes qui se retrouvent (temporairement) au chômage doivent pouvoir compter sur une allocation de demandeur d’emploi raisonnable. Mais au fil du temps, des conditions supplémentaires devraient êtres liées à cette allocation. Ces conditions doivent renforcer la position du bénéficiaire sur le marché du travail.

Si une personne cesse de chercher du travail ou de renforcer ses compétences, l’allocation diminuerait également. Après 2 ans pour une personne qui ne peut pas justifier de 20 ans d’expérience professionnelle, après 3 ans pour une personne qui peut justifier de 20 ans d’expérience professionnelle.

 

#3 Soutenir les compétences du futur 

En plus de la liste connue des métiers en pénurie, il existe une liste dynamique des compétences génériques de l’avenir. Cette liste pourra par la suite être affinée en fonction des secteurs. La Région bruxelloise concentre ses mécanismes de soutien et ses incitants sur des initiatives de coopération intersectorielle visant à améliorer les compétences des travailleurs et des demandeurs d’emploi. 

 

#4 Investir dans l’activation des chômeurs qui ne cherchent pas activement

Agoria souhaiterait que Bruxelles réserve chaque année un pourcentage minimum de son budget aux programmes d’action liés au marché du travail. Cet investissement devrait se concentrer sur l’activation des personnes qui ne travaillent pas et ne cherchent pas d’emploi. 

 

#5 Développer l’apprentissage en alternance 

Afin d’établir un lien rapide entre formation et mise en application, Agoria demande que toutes les formations pratiques dans l’enseignement secondaire supérieur et l’enseignement supérieur soient organisées de façon standard dans le cadre du système d’apprentissage en alternance. 

 

#6 Faciliter la migration économique 

Lorsque les entreprises souhaitent attirer des travailleurs étrangers, le processus doit être rapide, simple et entièrement numérique. Le contrat et les conditions- cadres doivent être rédigés de manière à garantir le salaire et le niveau de vie des expatriés. 

 

#7 Soutenir les organisations de groupes cibles qui fonctionnent bien 

Il existe de nombreuses organisations de groupes cibles actives à Bruxelles qui renforcent les groupes défavorisés, souvent en leur enseignant de nouvelles compétences. Lorsqu’elles peuvent démontrer des résultats solides et une bonne gouvernance, ces organisations (BeCode, Molengeek, Girleek, Capital...) méritent notre soutien total. 

Lorsque ces organisations accompagnent également le « dernier kilomètre » et guident les « UP » vers un emploi durable (> 6 mois d’emploi), un système de prime en trois volets est conseillé : une prime pour le chômeur, une prime pour l’employeur et une prime pour l’organisation elle-même. Le montant de cette prime combinée pourrait, par exemple, être équivalent à un mois d'allocation – une dépense publique épargnée par cette approche. 

 

#8 Promouvoir Digitalcity et Technicity 

Digitalcity, le pôle de formation aux métiers du numérique, et Technicity, le pôle de formation aux métiers technico-industriels, ont déménagé dans des locaux flambant neufs durant la dernière législature. Lors de la prochaine législature, nous devrions viser le doublement du nombre d’heures de formation qui y sont en ligne. 

 

#9 Rendre l’investissement à Bruxelles plus attractif 

La Région bruxelloise doit faire de la ville un lieu d’implantation et d’investissement idéal pour les entreprises. Cela peut se faire, entre autres, grâce à des environnements de bureau et de production neutres sur le plan climatique, agréables et modernes. Elle doit également investir davantage qu’elle ne le fait actuellement dans des gares sûres et propres, dans un environnement multimodal accessible et dans un climat fiscal plus favorable.

Technology for a better world 

Employeur important en Belgique, le secteur technologique entend faire encore mieux dans les années à venir. Concrètement, Agoria prévoit de créer et de pourvoir quelque 40.000 emplois supplémentaires d’ici 2030, soit 16 emplois par jour ouvrable. Cet objectif s’inscrit dans le cadre de nos efforts visant à créer un marché du travail sain, qui accorde l’attention nécessaire au développement personnel et à l’employabilité durable. Bruxelles, en tant que capitale, doit montrer la voie à suivre dans ce domaine.

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