Passer à la vitesse superieure

En Belgique, tous les chemins mènent à... Bruxelles. Cela confère à la Région un énorme potentiel de croissance économique. Mais pour réaliser ce potentiel, il est urgent d’agir. 

L’infrastructure de recharge est inadéquate 

L’électrification rapide de notre société se fait surtout sentir dans le secteur de la mobilité. À titre d’exemple, 1 voiture particulière sur 4 immatriculée en 2022 était électrique. Pour les véhicules commerciaux, le ratio était même de 1 sur 3. Et ce n’est qu’un début.

Comment allons-nous recharger toutes ces voitures électriques ? Aujourd’hui, Bruxelles compte 1.800 points de charge, en 2025 il devrait y en avoir 9.500 et en 2035 nous passerons à 22.000. Seule conclusion possible : pour rendre Bruxelles attrayante aux yeux des conducteurs électriques, ces objectifs sont largement insuffisants. 

Nécessité d’augmenter la capacité du réseau 

Par ailleurs, il ne suffit pas de placer davantage de bornes de recharge. Il faut également les alimenter en énergie. Par exemple, la demande totale d’électricité de la Région bruxelloise est aujourd’hui de 5.220 GWh, mais en raison de l’électrification des transports, elle augmentera de 31 % au cours des prochaines années. Il est hors de question d’attendre que la sécurité d’approvisionnement soit compromise. Agoria considère que garantir une capacité de réseau suffisante est une priorité pour la prochaine législature.

Impératif : une infrastructure à l’épreuve du temps 

De plus en plus de nouveaux véhicules sont équipés de fonctions automatisées et sont également fortement connectés. Il est donc important d’adapter ou d’étendre notre infrastructure routière et nos réseaux de communication, tels que la 5G ou la 6G, en conséquence. Les nouvelles technologies comme les systèmes de transport intelligents et coopératifs peuvent mettre à disposition dans le véhicule toutes sortes d’informations externes (conseils de vitesse, itinéraires alternatifs, etc.). Si nous voulons que notre capitale reste accessible aux Bruxellois et aux navetteurs, nous devons aller dans cette direction.

Des pistes cyclables ? Oui. Une infrastructure cycliste intelligente ? Oui également. 

Au cours de la dernière législature, Bruxelles a beaucoup investi dans la construction de pistes et autoroutes cyclables. Toutefois, le nombre de kilomètres de nouvelles pistes cyclables ne doit pas être le seul critère de réussite. L’occasion doit être saisie de rendre l’infrastructure cyclable intelligente, économe en énergie et pérenne, sans compromis à la sécurité et au confort. Et ce, dans le respect de la faune et de la flore. L’éclairage LED, par exemple, présente des avantages en termes de durée de vie et d’efficacité énergétique, et est également réglable en intensité pour épargner la faune et la flore dans les espaces verts.

Prestataires de services et producteurs locaux désavantagés 

Dans les marchés publics liés à la mobilité, Agoria constate un afflux croissant de soumissionnaires de pays tiers. Ceux-ci travaillent souvent avec des prix particulièrement bas, des procédures de sécurité douteuses et des conditions de travail et d’environnement déplorables. Dans l’UE, il existe des règles pour lutter contre la concurrence déloyale, mais elles ne sont pas toujours connues et insuffisamment appliquées.

Les bâtiments sont d’énormes consommateurs d’énergie et représentent également la majeure partie des émissions de gaz à effet de serre dans notre capitale. Si nous faisons la différence ici, nous pouvons avoir un impact réel sur le climat et notre cadre de vie. Le ton est donné, il faut maintenant persévérer.

Renolution montre la voie 

Renolution est la stratégie de la Région bruxelloise pour la rénovation des bâtiments bruxellois. L’objectif : rénover mieux, plus vite et plus de bâtiments pour réduire jusqu’à un tiers la consommation moyenne d’énergie des logements et atteindre la neutralité climatique dans le secteur tertiaire d’ici 2050. 

Les mesures positives sont nombreuses. L’accessibilité financière et la stabilité du marché sont examinées à la loupe, les sources d’énergie renouvelables sont explicitement ciblées, la politique PEB est harmonisée et les investisseurs sont encadrés. 

Agoria a également salué l’accélération des efforts vers la neutralité climatique des bâtiments publics, avec RenoClick comme programme d’orientation. 

Structure particulière du marché 

La structure du marché bruxellois se caractérise par une forte proportion d’immeubles à appartements (60 %) et un marché locatif dominant (60 %), contrairement à la Wallonie et à la Flandre où le marché des propriétaires est plus dominant avec une part d’environ 70 %. 

L’obligation de rénovation prévue pour les bâtiments résidentiels et non résidentiels à partir de 2025 en tient compte. Une obligation progressive est prévue pour correspondre à la part élevée du marché locatif à Bruxelles.

Le certificat PEB comme indicateur 

Bruxelles compte près de 200.000 bâtiments, représentant plus de 500.000 unités de logement. La performance climatique moyenne du parc immobilier est mesurée par le certificat PEB. Aujourd’hui, ce certificat n’est disponible que pour les bureaux et les logements et on estime que seuls 10 % des bâtiments résidentiels ont un label C+ ou plus.

Agoria se félicite du fait que l’obtention du certificat PEB obligatoire a été étendue à tous les bâtiments. Toutefois, la question de savoir si cette obligation sera également étendue à tous les bâtiments tertiaires, parmi lesquels les magasins et les restaurants, reste ouverte. 

Sensibilisation croissante 

Les nombreuses mesures prises par les autorités bruxelloises ont sensibilisé les citoyens et les entreprises à la nécessité de procéder à des constructions et des rénovations climatiquement neutres. C’est ce qui ressort de la forte croissance des demandes de conseils en matière de rénovation auprès de Homegrade, par exemple. La prochaine législature devrait maintenir cette tendance.

#1 S’attaquer au problème de la congestion avec la mobilité multimodale 

Introduire une taxe kilométrique intelligente pour tous les véhicules, qui tienne compte, entre autres, du lieu et de la durée du trajet. Ce faisant, assurer la coordination avec les différentes Régions afin d’éviter la double imposition. En outre, investir dans un réseau routier de haute qualité doté d’une infrastructure de circulation intelligente (par exemple, des feux de circulation intelligents) et appliquer une gestion intelligente et dynamique de la circulation. 

#2 Réduire l’impact de la mobilité sur le climat et l’environnement 

C’est dans ce but qu’Agoria inscrit ces points à l’ordre du jour : 

• Viser 20.000 points de recharge d'ici 2024, et non 9.500 d’ici 2025 et 22.000 d’ici 2035. En outre, l’objectif pour les stations de recharge rapide et ultra-rapide pourrait être plus ambitieux : 800 stations d’ici 2029. Enfin, nous recommandons d’élaborer sans attendre un plan prospectif pour le déploiement de l’infrastructure de recharge pour le transport de marchandises. 
• Travailler sur un plan directeur pour renforcer le réseau électrique, prêt pour la transition vers le transport électrique de passagers et de marchandises. C’est pourquoi Agoria demande une réévaluation rapide du plan d’investissement de Sibelga, y compris l’introduction de réseaux intelligents et la conversion du réseau 230V en réseau 400V. 
• Mettre à disposition suffisamment d’énergie verte pour l’électrification du transport routier.

#3 Investir dans une infrastructure de mobilité durable et à l’épreuve du temps 

#4 S’engager en faveur de l’innovation, de la formation, de la numérisation et des nouvelles technologies pour la mobilité de demain. 

#5 Collaborer à une politique de mobilité cohérente et efficace 

La construction de la nouvelle ligne 3 du métro, reliant le Nord au Sud de Bruxelles, est très importante pour la région et pour démêler le noeud de la mobilité. Les pouvoirs publics devraient utiliser le Fonds Beliris, créé à l’origine pour financer les grands investissements stratégiques, pour financer ce grand projet de mobilité.

#6 Développer un plan d’investissement public transversal sur 10 ans pour les bâtiments, en complément de la politique énergétique et climatique de Bruxelles (PACE). 

#7 Professionnaliser le cadre du PEB (par exemple, outil d’évaluation, d’essai et de conseil) pour une politique climatique orientée vers l’avenir, de préférence en collaboration avec les autres régions. Étendre les certificats PEB existants aux systèmes pour les bâtiments tertiaires autres que les bureaux. Faire évoluer le système de certification PEB vers le zéro émission (ZEB) en fonction des nouvelles exigences de la Directive sur la Performance énergétique des Bâtiments (EPBD).

#8 Mettre en place une plateforme de coopération avec les ministres, les administrations et les parties prenantes pour soutenir les pouvoirs locaux. Elle fournirait l’expertise nécessaire pour mettre en oeuvre une stratégie de rénovation à long terme, attirer des fonds européens et éventuellement augmenter l’offre de logements sociaux climatiquement neutres (voir l’exemple de Netwerk Klimaat in Vlaanderen). 

#9 Poursuivre avec Renolution comme point de repère coupole 

#10 Tabler sur RenoClick pour une rénovation accélérée des bâtiments publics 

#11 S’engager à renforcer les capacités de conseil en matière de rénovation climatique auprès des propriétaires de logements par l’intermédiaire de Homegrade 

#12 Poursuivre le tax shift vert en collaboration avec les autorités fédérales et les autres régions.