Vers un taux d’emploi de 80% d’ici 2030

Il est temps de changer de route 

Une flexibilité limitée, des carrières relativement courtes et un taux d’emploi pas très élevé : les analyses du marché du travail belge ne sont pas réjouissantes. Fin 2022, le taux d’emploi s’élevait à 71,9 %. Un progrès en termes absolus, mais insuffisant par rapport à de nombreux autres pays de l’UE. Si l’on ajoute à cela un nombre record de postes vacants (dont 20 000 dans l’industrie technologique) et une productivité stagnante, il est clair que notre marché du travail est défaillant.


En retard sur tous les fronts

La dernière mise à jour de notre étude Be The Change (juin 2023) fait apparaître les éléments suivants : 

  • Au rythme actuel de création d’emplois, la Belgique n’atteindra qu’un taux d’emploi de 76,5 % en 2030, bien en deçà de l’objectif de 80 %. 
  • Au rythme actuel, nous n’atteindrons pas ces 80 % pour la Belgique avant 2037, soit avec 7 ans de retard. 
  • La Belgique fait partie des 5 États membres de l’UE ayant le taux d’inactivité le plus élevé. 

En outre, nous notons également que : 

  • La productivité du travail stagne (à peine 0,1 % de croissance entre 2016 et 2022). 
  • La Belgique a le taux de vacance d’emploi le plus élevé d’Europe (4,5 % d’ici fin 2022).
  • Le rapport entre les postes vacants et les demandeurs d’emploi s’aggrave.

Conclusion : le marché du travail se resserre et l’inadéquation entre les offres d’emploi et les demandeurs d’emploi disponibles s’accroît. Par rapport à l’Europe, notre pays se situe en dessous de la moyenne.

L’évolution démographique n’aide pas

La croissance démographique de la population belge ne permettra pas d’atteindre l’objectif de 2030. La migration économique sélective fait partie de la solution pour pourvoir tous les emplois, réaliser la croissance économique nécessaire et soutenir notre sécurité sociale (par exemple, le paiement des pensions). Pour être clair : Agoria est contre le travail illégal, mais croit en un système qui fait appel (temporairement) à des talents étrangers (voir par exemple le modèle canadien).


Roadmap pour une prospérité durable

#1 Développer une nouvelle vision de la carrière 

  • Intégrer toutes les formes d’apprentissage alternatif, d’amélioration des compétences et de recyclage. Créer plus de flexibilité dans les carrières. 
  • Veiller à ce que le travail à temps partiel soit plus rémunérateur. Le revenu total obtenu en combinant travail et revenu de remplacement doit être nettement plus élevé que le revenu de remplacement seul. Ainsi, les personnes qui combinent travail à temps partiel et revenu de remplacement ne devraient voir leur revenu de remplacement réduit qu’au prorata. 

 

#2 Travailler sur la perception du travail 

  • Le travail doit être plus rémunérateur. Il faut élaborer des mesures visant à augmenter le salaire net des travailleurs. Remarque : sans augmenter le coût du travail pour les entreprises. 
  • En outre, il est nécessaire de s'attaquer à deux autres éléments qui favorisent l'accès à l'emploi : (1) Réduire le seuil lié au statut de demandeur d'emploi en ce qui concerne les tarifs sociaux, les frais de transport, etc. (2) Fournir suffisamment de services sociaux pour la garde des enfants jusqu'à l'âge de 12 ans, l'assistance aux parents malades et handicapés, la mobilité, etc.
  • Faire de l’effort de formation ciblé un facteur déterminant dans le système d’octroi et de durée des allocations de chômage, en fonction de la formation suivie par le demandeur d’emploi. Ainsi, les personnes qui se retrouvent au chômage (temporairement) peuvent compter sur une allocation de demandeur d’emploi raisonnable. Au fil du temps, des conditions supplémentaires sont liées par étapes à l’allocation. Ces conditions doivent renforcer la position du bénéficiaire sur le marché du travail. 
  • Si une personne cesse de chercher du travail ou de renforcer ses compétences, l’allocation diminue également : après 2 ans pour une personne qui ne peut pas justifier de 20 ans d’expérience professionnelle, après 3 ans pour une personne qui peut justifier de 20 ans d’expérience professionnelle. 
  • De la part des autorités belges, introduire conjointement et prioritairement des mesures d’activation du marché du travail. Préférer ces mesures au soutien de la passivité. Une part plus importante du PIB devrait donc être consacrée au soutien des mesures d’activation par rapport au soutien de la passivité. Agoria pense ici au soutien de l’upskilling et du reskilling, à l’inscription automatique des salariés au revenu d’intégration auprès des services de l’emploi, à la stimulation de la mobilité interrégionale de la main-d’oeuvre, etc. 
  • Réduire considérablement le handicap du coût du travail par rapport à nos voisins et l’éliminer complètement à terme (voir le chapitre Compétitivité). 

 

#3 S’engager pleinement en faveur de la migration économique 

  • Rendre le processus de recrutement de travailleurs étrangers plus rapide, plus facile et entièrement numérique. Ce dernier point s’applique également à la communication entre les autorités et l’employeur ou son agent. Le contrat et les conditions-cadres doivent garantir le respect de nos salaires et de nos conditions de vie. 
  • Veiller à ce que les employeurs belges ne doivent plus se justifier s’ils n’ont pas trouvé de candidat en Belgique et si le candidat étranger peut prouver qu’il dispose des atouts nécessaires. 
  • Poursuivre le développement de la plateforme commune Working in Belgium pour le traitement des demandes de séjour. Débloquer un budget au début de la législature pour déployer et renforcer la plateforme. 
  • Organiser l’immigration économique sur le modèle du Canada. Baser le système sur une déclaration d’intérêt et des critères clés tels que l’éducation formelle et informelle, les compétences, les talents, l’expérience et les connaissances linguistiques. 
  • Faire de la Belgique un lieu de travail plus attractif. Le délai entre l’introduction d’une demande et l’obtention d’un permis de travail et de séjour a doublé, voire triplé, depuis 2019. Faire en sorte que la Belgique figure à nouveau dans le top 3 des pays qui délivrent les permis le plus rapidement.

Technology for a better world 

Depuis plus de cinq ans, Agoria est un fervent défenseur d’une analyse approfondie du futur marché du travail à travers le projet Be The Change lancé en 2018. Également dans le cadre de notre stratégie de durabilité, l’ambition initiale s’articule, entre autres, autour de l’emploi durable et de l’engagement de créer 40 000 emplois supplémentaires entre 2020 et 2030, soit 16 emplois par jour ouvrable. Les recommandations citées ci-dessus devraient créer le cadre propre à soutenir cet engagement.

Lisez nos recommandations pour d'autres niveaux de gouvernement.