Roba Metals : la durabilité réglementaire entraîne une lourde charge de travail

Roba Metals : la durabilité réglementaire entraîne une lourde charge de travail

"L'Europe crée de nouvelles réglementations, mais de nombreuses questions restent en suspens." Miranda Bouwman, de Roba Metals, évoque le contexte en détail. Pour cet acteur international du commerce et du recyclage des métaux, la durabilité est une priorité. Mais certaines initiatives en matière de législation, telles que la taxe carbone aux frontières (CBAM), constituent un casse-tête.  

Que fait Roba Metals ? 

Roba Metals a vu le jour à Amsterdam en 1937. En plus de huit décennies, l'entreprise familiale de métallurgie est devenue une société internationale d'importation et de recyclage d'acier, d'aluminium, de cuivre et d'acier inoxydable, entre autres. Outre son siège à IJsselstein aux Pays-Bas, elle est aujourd'hui implantée dans six pays à travers le monde et emploie quelque 750 personnes. Avec un centre de services à Genk et un bureau de vente à Anvers, elle dispose d'une équipe de 200 personnes en Belgique.

La durabilité dans les gènes 

Miranda Bouwman, Project Manager Quality & Sustainability : "Dès la création de Roba, nos fondateurs ont misé sur la collecte et le recyclage des vieux métaux plutôt que sur l'extraction de nouvelles matières premières. Aujourd'hui, nous sommes un acteur mondial qui a le développement durable dans ses gènes." 

"J'ai moi-même acheté de l'acier sur des marchés non UE pendant près de 20 ans", poursuit-elle. "Lorsque l'Europe a lancé le CBAM (Carbon Border Adjustment Mechanism), j'ai rejoint l'équipe en charge du développement durable. Je m'occupe des rapports de due diligence et des normes ISO et je suis indirectement impliquée dans l'obligation de reporting CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive)." 

"Dès le départ, nos fondateurs ont misé sur la collecte et le recyclage des vieux métaux."  

—   Miranda Bouwman, Project Manager Quality & Sustainability chez Roba Metals

L'Europe n'est pas à l'heure  

Roba Metals a commencé à s'inscrire au registre CBAM en octobre 2023. Miranda Bouwman : "Pour l'instant, nous le faisons manuellement via Excel parce que notre application ERP n'est pas encore prête pour ce faire. Nous y travaillons actuellement, car l'automatisation d'un certain nombre de processus va nous faciliter grandement la vie." 

 Pour inclure dans les calculs les émissions intégrées dans les produits importés, les entreprises peuvent utiliser ce que l'on appelle les "valeurs par défaut" de la Commission européenne pendant quelques trimestres supplémentaires. Elles peuvent les appliquer lorsque les données des fournisseurs sont manquantes. Miranda Bouwman : "Le registre CBAM n'a été accessible que début janvier et les valeurs par défaut se sont également fait attendre. Une source de stress pour nous, d'autant plus que le module d'enregistrement lui-même générait beaucoup de messages d'erreur." 

"La première déclaration trimestrielle a été rentrée, mais de nombreuses questions restent en suspens." 

—   Miranda Bouwman, Project Manager Quality & Sustainability chez Roba Metals

Responsable de l'exactitude  

La première déclaration trimestrielle a été rentrée, même si de nombreuses questions restent en suspens, souligne Miranda Bouwman : "Environ 70 % de nos fournisseurs non européens ont transmis des données CBAM. Mais ils me demandent à présent d'évaluer si leurs chiffres sont corrects. Eux-mêmes n'en sont pas sûrs, mais je ne suis pas une technicienne du domaine. En fait, en tant qu'importateur, nous sommes responsables de l'exactitude de tous ces chiffres, alors que nous ne sommes pas en mesure de les vérifier nous-mêmes." 

Bien que Roba Metals se penche depuis un certain temps sur le CBAM et ses effets potentiels sur le business, elle a déjà dû faire appel à des consultants pour évaluer des situations spécifiques. "L'obligation de déclaration est tout simplement trop importante pour prendre le moindre risque. Nous finirons par apprendre au fur et à mesure, mais l'ensemble du processus requiert beaucoup de temps et d'argent", dit-elle. 

"Nous finirons par apprendre au fur et à mesure, mais l'ensemble du processus requiert beaucoup de temps et d'argent." 

—   Miranda Bouwman, Project Manager Quality & Sustainability chez Roba Metals

Le développement durable requiert plus de personnel 

Il est prévu que le CBAM remplacera à terme l'allocation gratuite de droits d'émissions dans le cadre du système d'échange de quotas d'émission (Emission Trading System). "Mais dans quel délai ce scénario de remplacement progressif sera-t-il en place ?", telle est la question que se pose Miranda Bouwman. "Quelles seront les conséquences pour la compétitivité de ceux qui importent de marchés lointains ? Et serons-nous passibles d'une amende si nous ne pouvons pas fournir des rapports complets ?" 

"Nous comprenons parfaitement la pertinence de ces thèmes", dit-elle en conclusion. "Mais il y a soudain beaucoup de choses auxquelles nous devons faire face, avec de lourdes conséquences pour notre organisation. Une charge de travail beaucoup plus importante pour des départements comme ceux chargés du développement durable et des finances, par exemple. L'alternative consiste à externaliser tout le travail supplémentaire – tout en sachant que cela a un coût et qu'en tant qu'entreprise, vous devez de toute façon souvent fournir les données vous-même."