« Pas assez d'attention accordée aux principales préoccupations des entreprises »
Bart Steukers - CEO Agoria
Ce qui me frappe le plus dans les programmes des 12 partis politiques pour les prochaines élections, c'est qu'aucun d'entre eux, qu'il soit de gauche, de droite ou du centre, ne veut vraiment toucher à l'indexation automatique des salaires. Celle-ci fait augmenter nos coûts salariaux plus rapidement que dans les pays voisins. D'autre part, les partis ne sont pas toujours clairs sur le maintien de la norme salariale, ce qui laisserait la porte grande ouverte à un nouveau recul de notre compétitivité par rapport à nos voisins.
À gauche, bien sûr, les principales propositions sont d'étendre le mécanisme d'indexation automatique ou de ne plus appliquer la loi sur la norme salariale ou encore de l'assouplir, mais même le CD&V et le MR (!) déclarent explicitement qu'ils veulent conserver telle quelle l'indexation salariale entièrement automatique.
Les seules propositions prudentes allant dans le bon sens concernent un plafond de l'indexation en cas de très forte inflation (Les Engagés), une modification des tranches d'imposition (Les Engagés, Défi, MR, N-VA & Open VLD) ou une forme d'indexation nette dans laquelle une indexation automatique très élevée serait compensée par une réduction d'autres cotisations patronales (Open VLD, MR et N-VA).
Je me demande sérieusement si cela suffira, sachant que a) comme toujours, il faudra faire un compromis et b) nos entreprises ne peuvent pas absorber une érosion supplémentaire de leur compétitivité.
En résumé, tout cela me fait craindre que, même après les élections, l'attention portée à l'une des principales difficultés de nos entreprises reste insuffisante. En effet, à côté des coûts élevés de l'énergie, nos coûts salariaux constituent notre principal handicap, et ce à un moment où nous ne parvenons pas suffisamment à stimuler notre productivité.
Ma question aux décideurs politiques est la suivante : comment allons-nous améliorer notre compétitivité ? En particulier dans notre secteur technologique extrêmement compétitif au niveau international, et où de nombreuses entreprises belges ont de plus en plus de mal à faire face à la concurrence étrangère. Si rien n'est fait, nous passerons (encore) plus souvent à côté de nouveaux investissements. Des investissements dont nous avons désespérément besoin pour maintenir notre prospérité et notre pouvoir d'achat à long terme. Sans oublier les investissements indispensables pour faire du Green Deal européen une réalité. J'attends avec impatience votre réponse après le 9 juin.