Azumuta : « Une bonne initiative mais la surcharge administrative menace le Federal Learning Account »
La software scale-up gantoise Azumuta aide les opérateurs de l’industrie manufacturière à travailler plus efficacement, à apprendre plus rapidement et à garder une trace de leur processus d'apprentissage. Cette dernière étape deviendra obligatoire le 1er avril 2024 avec l'introduction du Federal Learning Account (FLA). Selon Batist Leman, fondateur et CEO d'Azumuta, le FLA risque toutefois de manquer son objectif : « La charge administrative qu'il implique n'est pas négligeable. Ce sont surtout les entreprises de l’industrie manufacturière, qui offrent de nombreuses possibilités d'apprentissage informel, qui risquent d'en souffrir. »
Que fait Azumuta?
Azamuta ("ça doit être fait comme ça" en gantois et "j'ai commencé" en japonais) a été fondée en 2016 par Batist Leman, ingénieur en électromécanique. Sa plateforme Software-as-a-Service soutient les opérateurs de l’industrie manufacturière dans leurs tâches quotidiennes. Cette plateforme se compose de différents modules allant des instructions de travail numériques à la gestion des compétences, en passant par le contrôle de qualité intégré. Azumuta est active à l'échelle internationale et compte quelque 70 clients parmi lesquels Adient, Atlas Copco, Novy, Addax Motors et Reynders Label Printing.
Soutenir l'apprentissage tout au long de la vie
Un nombre croissant d'entreprises misent activement sur la gestion des talents. «Et ce, à juste titre », selon Batist Leman. « Il s'agit là de l'un des nombreux leviers permettant d'ancrer localement notre industrie manufacturière spécialisée. Nous constatons chez nos clients un besoin de soutien sur deux fronts. D'une part, la nécessité de digitaliser et d'adapter les instructions de travail et les contrôles de qualité à des profils divers – y compris des personnes sans formation technique. Et d'autre part, la nécessité d'identifier les compétences existantes et manquantes, ce que l'on appelle les skill gaps. Sur la base de ces informations, les entreprises peuvent élaborer des plans de formation afin de proposer un reskilling ou un upskilling à leurs collaborateurs. Notre plateforme répond à ces deux types de besoins.»
Nouveau : le Federal Learning Account
Dans le cadre du deal pour l'emploi, le gouvernement fédéral a déjà introduit plusieurs nouvelles obligations destinées à promouvoir l'apprentissage tout au long de la vie : le plan annuel de formation et le droit individuel à l'information. À partir du 1er avril 2024 viendra s'ajouter le Federal Learning Account. Les entreprises seront tenues d'y enregistrer toutes les formations suivies. Le mode opératoire n'a pas encore été clairement précisé.
Charge administrative
Selon Batist Leman, beaucoup d'entreprises dénoncent la charge administrative liée au FLA : « Enregistrer toutes les formations individuelles par collaborateur, c'est pour beaucoup d'entre elles la goutte qui fait déborder le vase. De surcroît, le FLA manque ainsi son objectif. Ce qui devait au départ aider les entreprises à avoir une vue d'ensemble de leurs compétences devient un outil qui permet de contrôler si elles respectent la législation en matière de formation. Ce ne peut être là l'objectif. »
Les ouvriers sont oubliés
En outre, le FLA présente encore une lacune plus importante, selon Batist : « L'accent est mis sur les formations formelles. Tandis que les ouvriers apprennent surtout sur le lieu de travail, avec un mentor à leurs côtés qui évalue systématiquement leurs compétences en fonction de la qualité du produit final. Si ces moments d'apprentissage informel ne sont pas enregistrés, les autorités auront une image déformée. »
Reconnaître la formation informelle comme une forme de formation
"Batist Leman reste déterminé sur la question : « La force de l'apprentissage tout au long de la vie réside précisément dans la combinaison de formations formelles et informelles. C'est la raison pour laquelle nous devons revoir notre vision de la formation continue en reconnaissant que l'apprentissage sur le lieu de travail est lui aussi une forme de formation à part entière. Les entreprises doivent pouvoir enregistrer aisément les moments de formation informelle avec des outils comme Azumuta, si nous voulons avoir une image réaliste du niveau de compétences de notre industrie manufacturière. »