« Évaluons les opportunités pour notre économie et finissons-en avec la mentalité de clocher »

« Évaluons les opportunités pour notre économie et finissons-en avec la mentalité de clocher »

Jolyce Demely - directrice générale Agoria Vlaanderen

Plus que 10 jours avant les élections ! Chez Agoria Vlaanderen, nous avons examiné tous les programmes des partis politiques et nous avons comparé leurs propositions au regard des 10 thématiques les plus importantes pour nos entreprises technologiques. Selon moi, l'une de nos recommandations les plus importantes est d’avoir sur l’étranger un regard ouvert, ce qui nous manque aujourd'hui. Si nous voulons conserver notre position de premier plan en tant que région de la connaissance, nous devons attirer les meilleurs talents internationaux sur notre marché de l'éducation et du travail.

Nous n'avons jamais connu dans notre économie de telles tensions, en Flandre comme dans presque tous les pays qui nous entourent. Une guerre internationale des talents fait rage. Et nous ne sommes pas en train de la gagner. Nos entreprises réclament des solutions face à ces pénuries.

Cela commence dans notre enseignement supérieur, où nous devons accueillir, avec un esprit ouvert, des étudiants et des chercheurs de haut niveau internationaux. Le directeur général de l'école supérieure Thomas More l'a récemment résumé avec justesse. Dans l'enseignement supérieur flamand, l'internationalisation, dont nos entreprises et notre économie de la connaissance ont grandement besoin, est aujourd'hui envisagée de manière crispée. Concernant les cours donnés dans d’autres langues – en particulier l’anglais – leur nombre est (très) bas. Le PVDA et Groen n'ont pas de position à ce sujet dans leurs programmes, Vooruit et le Cd&v sont nuancés, la N-VA et le Vlaams Belang sont contre, seul l'Open VLD veut augmenter le pourcentage de cours dans d’autres langues. Agoria Vlaanderen a demandé à plusieurs reprises une approche plus pragmatique de l'anglais dans l'enseignement, en particulier pour les matières hautement spécialisées. Dans la pratique, il est impossible et souvent financièrement absurde de proposer des programmes de master en anglais et en néerlandais dans chaque université. Grâce à une coopération encore plus étroite entre l'enseignement supérieur et nos entreprises flamandes, nous pourrons maintenir à long terme les talents internationaux sur notre marché du travail et développer davantage de centres d'expertise.

Et qu'en est-il de la migration de la main-d'œuvre, un sujet peut-être encore plus sensible ? Comme on peut s'y attendre, les opinions des partis sur la migration de la main-d'œuvre varient considérablement : le PVDA et les Verts mentionnent principalement l'exploitation, les abus et le dumping social. Le CD&V et l'Open VLD se concentrent sur l'immigration ciblée pour les métiers en pénurie, mais ces deux derniers mettent l'accent sur la priorité à donner à la main-d'œuvre locale et européenne. La N-VA, quant à elle, se concentre sur les migrants hautement et moyennement qualifiés, avec une admission sélective et contrôlée. Le VB ne veut pas d'immigration peu ou moyennement qualifiée en provenance de pays non-membres de l'UE, mais seulement des migrants hautement qualifiés en provenance des pays occidentaux. 

Aujourd'hui, la liste des métiers en pénurie pour lesquelles la migration économique est possible reprend à peine 29 professions, alors que le VDAB en compte jusqu'à 241. Nous souhaitons que le prochain Gouvernement flamand fasse évoluer cette liste en fonction des besoins du marché du travail et, par exemple, pour les profils IT qui sont extrêmement difficiles à trouver, qu'il donne également accès à notre marché du travail à un plus grand nombre de personnes moyennement et faiblement qualifiées.

Si nous voulons que la Flandre figure davantage sur la carte internationale en tant que première région de la connaissance en Europe et qu'elle reprenne sa place dans la guerre mondiale des talents, il faut retirer nos œillères, au moins légèrement. Après le 9 juin, nos décideurs politiques devront oser évaluer les opportunités pour notre économie sans se laisser limiter par des mentalités de clocher. Nous pourrons alors faire naître ensemble de nombreux autres champions du monde flamands.